Depuis Noel, nos multiples révélations sur les agissements du bras droit de Natacha Bouchart, Emmanuel Agius, ont tonné dans la Cité des 6 bourgeois. Les scandales se sont largement propagés (BMW, Garages, Pressings, appartements) ont rencontré un public toujours plus nombreux : des dizaines de milliers de vues sur les médias qui ont publié ou repris nos articles ainsi que sur nos réseaux sociaux et notre site internet.
Cette affaire qui se déploie depuis 3 mois est terrible. Non pas seulement parce qu’elle dévoile des pratiques politiquement contestables d’un élu du premier cercle du maire de Calais, et qui tombent peut-être sous le coup de la loi. Elle est terrible, entre autres, par les réactions qu’elle a suscitées. D’abord auprès de dizaines de personnes avec qui nous nous entretenons depuis des mois et des années pour certains : « tu sais à qui tu t’attaques ? Tes confrères ne suivront pas… Beaucoup de monde se tient à Calais…. ».
Le Saint Principe du contradictoire
Ce genre de réflexions n’étonne pas quand on fait de l’investigation. Mais je suis resté un peu coi devant l’attitude d’une partie des élus qui ont bien voulu me parler. La plupart sans vouloir que leur nom ne soit cité : « tu te rends compte de ce que tu lui fais ? Mais qu’est-ce qu’il t’a fait ? ». Rien. Absolument rien évidemment.
« Qu’est-ce que je vous ai fait monsieur Railane ? » me questionnait Emmanuel Agius qui a fait l’effort de me recevoir 48 heures avant que nous ne publions l’affaire du premier appartement. « Rien, monsieur Agius, nous ne nous connaissons pas. Vous n’êtes ni mon ami, ni mon ennemi ; je ne mets aucun affect dans cette enquête. Je ne fais que mon travail, mais je comprends que cela puisse être désagréable pour vous ». Je ne sais s’il m’a compris.
Emmanuel Agius s’est expliqué librement et a donné sa version, avec ses mots. C’est le saint principe du contradictoire journalistique. Il n’avait pas répondu à nos précédentes sollicitations pour les articles sur les garages et le pressing. Il nous a précisé que nous avions commis une erreur (son beau-père a bien payé les travaux réalisés par TOH dans sa cellule commerciale). Nous avons rectifié notre article. Naturellement, s’il nous avait répondu à l’époque, c’eut permis d’éviter cette erreur.
Des révélations utiles et d’intérêt public
Parce qu’il s’agit d’argent public, nos informations sont d’intérêt public. Depuis, Emmanuel Agius a fini par démissionner de la présidence de TOH et la BMW, immoralement octroyée, a été rendue au concessionnaire de Coquelles. Nous ne connaissons pas à ce jour le coût de cette rupture de contrat de leasing.
Cette série de révélations a donc été utile. Utile parce que depuis nos révélations, nos sources nous disent que les demandes de travaux des locataires de TOH sont prises en compte beaucoup plus vite qu’auparavant… Utile encore parce que la nouvelle présidente (Natacha Bouchart) a promis de réaliser un audit de gestion et du patrimoine et d’en rendre publics les résultats avant de changer d’avis et de saisir l’ANCOLS (autorité de contrôle des bailleurs sociaux en France). Cet organisme ne tardera pas à procéder à un contrôle poussé du bailleur social et d’autres surprises pourraient bien advenir encore. Utile une fois de plus parce que la Cour des comptes n’ignore plus certaines pratiques à TOH et que sa capacité d’enquête est reconnue.
Utile finalement parce que désormais, l’attention du public et des acteurs du jeu politique est totale. La presse locale comprise. Une démocratie plus transparente peut redonner du souffle à l’esprit civique et générer de la confiance. Plus les citoyennes et les citoyens sont informés, plus ils sont en capacité de voter en conscience. La presse est là pour les éclairer et leur rendre compte de ce qu’elle observe.
De nouveaux épisodes calaisiens
Alors « quoi de neuf pour demain ? », vous demandez-vous peut-être ? Beaucoup de choses. La coulisse de la vie politique calaisienne recèle encore bien des épisodes qui devraient nous emmener au moins jusque Noël prochain. C’est que quelque chose semble avoir changé dans le Calaisis : la parole s’est libérée. Pas seulement celle qui véhicule de méchantes rumeurs basées sur la jalousie, l’envie ou le goût stérile de la polémique. Au contraire, de nombreuses calaisiennes et calaisiens se sont manifestés à nous et nous ont parlé. Des élus de tout bord du territoire. Des fonctionnaires de la territoriale, de l’Etat, du monde associatif et culturel.. En « off » naturellement.
Ils contribuent, comme des lanceurs d’alertes, à l’exercice d’un contrôle démocratique permanent sur l’action des élus. Ils veillent, à leur poste, dans leurs fonctions, à l’intérêt général. Sans eux, la presse d’investigation n’est rien. Ces « veilleurs » nous épaulent grandement et nous permettent de rendre compte de ce qui se passe à Calais depuis fort longtemps. Dans de nombreux domaines que nous étudions de prés.
Cette foule de sujets impacte le quotidien des habitants du Calaisis. A eux, et eux seuls, qu’il nous soit permis de les remercier publiquement et de les encourager à nous lire et à parler. Sans crainte, avec dignité, mesure, et sans esprit de vengeance. La coulisse de la vie politique calaisienne continue de « glisser » et vous donne rendez-vous sur notre site le 1er mars prochain pour un nouvel épisode.
Morgan Railane
Directeur de la Rédaction d’Aletheia Press
Rappel des épisodes précédents