Collectivités, chefs d’entreprises, organismes de formation, agence de développement… Les acteurs économiques du territoire Seinomarin étaient présents, ce 7 juin à Paris, pour le lancement officiel de l’opération « 24 heures pour relocaliser ». Ce tour de France des régions débutera par Rouen, les 16 et 17 juin. L’initiative est lancée par Relocalisations.fr, laboratoire d’idées créé en 2021.
Une opportunité
« L’électrochoc causé par la crise sanitaire et la rupture de nombreux produits, nous a donné envie de comprendre à quel niveau de vulnérabilité nous étions descendus en France » explique Carine Guillaud, présidente de l’association Relocalisations.fr. Une étude, s’appuyant sur les données des douanes, révèle que « un quart des produits manufacturés peuvent être considérés comme vulnérables », poursuit-elle. En cas de difficultés en Asie, la France peut voir son approvisionnement stoppé avec toute les difficultés afférentes. « Ces 250 produits représentent 60 milliards d’euros d’importation et potentiellement 400 000 emplois si leur production se faisait sur le territoire ». L’association veut donc réunir régionalement, au cours de ces rendez-vous, les entreprises, la recherche et la formation autour de projets de relocalisation concernant ces produits.
« C’est une opportunité ! » souligne Carine Guillaud. Les indicateurs sont particulièrement positifs pour relever ce défi : coût de transport par container multiplié par dix en quelques mois, prise en compte de l’empreinte carbone dans les processus de fabrication, goût des consommateurs pour le « made in France »… Un enjeu d’autant plus stratégique que le vieillissement de la population en Chine devrait fortement réduire sa capacité d’exportation à l’horizon 2050.
Jamais facile, mais…
Mais pour parvenir à ce but, les partenaires présents soulignent qu’une synergie commune est primordiale pour inventer des modèles adaptés au territoire français, en revoyant les process de fabrication, les marchés ciblés par exemple. Pour accompagner les entrepreneurs tentés par l’aventure sur le territoire de la métropole, Rouen Normandy Invest est en première ligne. « Relocaliser n’est jamais facile mais c’est possible plus souvent que nous l’imaginons » rebondit Frédéric Granotier, président de l’agence de développement et de l’entreprise Lucibel, qui a rapatrié sa production en 2014 à Barentin.
Second consensus, la nécessité de travailler à l’échelle local. « Tous les territoires n’ont pas les mêmes potentialités », souligne Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie, qui souligne au passage le poids de l’industrie régionale, 17 % des emplois (contre 12 % au niveau national). « Il existe des conditions nécessaires pour qu’un entrepreneur s’installe » remarque-t-il. « Il doit se sentir accueilli », du foncier doit également être disponible rapidement. Il s’agit donc là, d’un enjeu majeur. « Nous devons aussi faire valoir nos atouts » remarque Nicolas Mayer-Rossignol.