Parmi les procédés de métallurgie des poudres, le frittage SPS se veut à la pointe de l’innovation et reste encore peu répandu en Europe. « Il s’agit d’une technologie de compaction à chaud. Nous mettons la poudre dans un moule à la forme souhaitée puis nous la montons jusqu’à 2 400 degrés et lui imposons des contraintes pouvant atteindre 320 tonnes » simplifie Foad Naimi, fondateur de la start-up de la deeptech Sintermat, basée à Venarey-les-Laumes.
A l’issue de ce processus, la poudre devient une pièce massive avec des propriétés accrues : haute résistance, haute densité, allègement, dureté, ténacité ou encore durée de vie allongée. « Cette technologie est en rupture, elle fait passer un courant électrique qui va générer une chauffe et si la poudre est conductrice, elle va se chauffer au plus près de la matière. » L’un des avantages majeurs que présente cette technique réside dans sa capacité à économiser de l’énergie et à produire plus rapidement, sans perte de matière et sans additif. « On peut atteindre 1 000 degrés en une minute quand d’autres technologies ont des cycles de plusieurs heures pour y parvenir. »
Une technologie pour tous les industriels
A partir de tout type de matière industrielle, métaux, céramiques, carbures… ou de matière naturelle, Sintermat apporte une solution qui séduit de nombreux secteurs comme l’aéronautique et la défense. « Nous travaillons aussi pour l’outillage industriel pour augmenter la durée de vie des pièces d’usure, pour le luxe et notamment l’horlogerie en créant des matériaux à façon en fonction de la créativité des concepteurs, mais aussi pour le traitement de matière naturelle ou de packaging. »
La start-up maitrise déjà l’échelle industrielle pour son procédé de frittage SPS grâce à une machine grande dimension notamment, l’une des plus grandes d’Europe, et par l’intermédiaire de deux autres machines mises à disposition par l’Université de Bourgogne.
Pour accélérer son industrialisation, la jeune entreprise a réalisé une levée de fonds de six millions d’euros auprès d’UI Investissement, de Safran Corporate, Ventures et du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne par l’intermédiaire de Carvest. La société bénéficie également de la participation de son actionnaire historique, le fonds Definvest du ministère des Armées géré par Bpifrance, en s’appuyant sur l’expertise de la Direction Générale de l’Armement.
Devenir une industrie à part entière
Avec ces financements, Foad Naimi prévoit de déménager au cours de l’été dans des locaux de 3 500 m² situés dans une halle industrielle délaissée par Vallourec Umbilicals à Venarey-les-Laumes. « Nous allons également acheter une nouvelle machine de frittage SPS pour faire de la R&D, mais aussi de la série d’ici début 2023 et créer un laboratoire de contrôle qualité renforcé. » Sintermat va également accroitre son équipe de 21 collaborateurs, espérant doubler ses effectifs d’ici trois ans.