Il n’y a pas que la Covid-19… Les Poulets de Gaëtan ont eux aussi été confinés. Situé à Bosc-Edeline, l’élevage de poulets bio de Gaëtan Royer a en effet fait partie du périmètre de sécurité mis en place à la suite de la découverte d’un foyer de grippe aviaire à quelques kilomètres de là, en février. Une précaution sanitaire normale et acceptée, mais qui met l’élevage dans une situation financière compliquée.
Dans l’incapacité à abattre son lot « prêt », il a en effet dû le conserver durant 4 semaines supplémentaires. Avec deux conséquences directes : l’incapacité à répondre aux sollicitations des clients, et la nécessité de nourrir les poulets. « Conserver un lot un mois de plus c’est environ 800 € de nourriture. Et sur des animaux prêts, on ne peut pas espérer un gain de masse qui permettrait un retour sur investissement. »
Une trésorerie mise à mal
Privé de recettes pendant un mois, avec des charges supplémentaires, l’éleveur a en effet vu sa trésorerie mise à mal. D’autant que l’évènement est arrivé dans un contexte mouvementé. Dans le sillage des prix des céréales et de l’énergie, le prix de l’aliment bio est en hausse constante depuis plus d’un an. Représentant 70 % du coût de production d’un poulet, il a vu ses prix grimper de 98 € la tonne entre janvier 2021 et janvier 2022. « Avec cette seule hausse, à prix de vente constant, j’aurai perdu 30 % de ma marge », constate l’éleveur. Il a donc augmenté ses prix en cours d’année… Sans pour autant absorber la totalité de la hausse.
Hors de question en effet, de faire fuir les clients. Car à la vente aussi le marché se tend. Les circuits courts comme le bio, subissent une érosion importante, de -15 à 20 %. « C’est une évolution multi-factorielle » assure l’éleveur. Pour lui, l’inquiétude des ménages face à l’inflation, au coût de l’énergie, à la guerre, mais aussi l’envie d’évasion après des mois à la maison, pénalisent le budget consacré à l’alimentation.
Prêts et indemnisations
Avec une grande part des restrictions de mouvements des volailles désormais levée, l’éleveur espère revenir à un rythme plus normal… Mais cela risque de ne pas être avant septembre. Les restrictions ne lui ont en effet pas permis de faire entrer de nouveaux poussins. Il doit donc faire face à un creux de production, qui le privera de ventes de poulets frais jusqu’à la fin du printemps.