Après s’être opposée durant des années, à l’accueil de réfugiés – au point de leur refuser la distribution d’eau ou l’accès à l’hygiène – Natacha Bouchart, maire de Calais (LR et récemment déclarée soutien d’Emmanuel Macron), a accueilli, le 2 mars, devant la presse, des réfugiés ukrainiens. Une famille de neuf personnes ayant quitté l’Ukraine le 25 février et qui cherchait à rejoindre le Royaume-Uni. Refoulée faute de visa, la famille s’est vue ouvrir l’auberge de jeunesse à la demande de l’élue.
Cet accueil, aussi légitime soit-il, ne manque pas de faire réagir dans le calaisis, notamment au sein des associations d’aide aux migrants, tant sa chaleur dénote face à celui réservé à d’autres réfugiés venus eux aussi de pays en guerre (Afghanistan, Ethiopie, Yémen, etc.). Ainsi ce 2 mars, l’association humanitaire l’Auberge des Migrants a écrit au préfet du Pas-de-Calais, dénonçant une forme de racisme humanitaire. « Vous avez rédigé en 2020, puis renouvelé, un arrêté interdisant toute distribution gratuite d’eau et de nourriture au centre-ville de Calais. Cet arrêté s’applique-t-il aux réfugiés ukrainiens ? Si ce n’est pas le cas, comment nos bénévoles pourront-ils distinguer les réfugiés ukrainiens des autres réfugiés ? »
Autre paradoxe : la maire de Calais, après avoir demandé et obtenu un important dédommagement financier de la part de l’Etat pour la « gestion » de la crise migratoire, a annoncé vouloir apporter une aide financière à l’Ukraine, dans sa lutte contre la Russie. « Je proposerai (lors du prochain conseil municipal, ndlr) le vote d’une subvention exceptionnelle » a t’elle déclaré à la presse le 26 février.
Aux yeux de beaucoup, par ces actes très symboliques et antinomiques, la maire de Calais véhicule l’idée d’une hiérarchisation raciale de la misère ; et pratique la discrimination ethnique des migrants.